Le jardin de la magnificence

[Lord Anachnu]

Il existe, dans les murs de la citadelle, un endroit fantastique. Un monde entre le féérique et le réel. Un havre de paix pour tous. Là, paysans et seigneurs se côtoient. Le rang n'a pas d'importance. Seul prendre son temps, admirer les nombreuses fontaines et ruisseaux, s'extasier devant un arbre en fleur ou un couple d'oiseaux compte. Tout semble paisible. De-ci de-là l'on pouvait apercevoir un couple main dans la main, marchant vers l'on se sait où. Personne ne venait les déranger dans leur paisible retraite. Les affaires du monde extérieur s'évanouissent à l'entrée de ce magnifique jardin. Les elfes conversent avec les daërlines, les humains avec les trolls. Les loups jouent avec les agneaux et quelques enfants s'amusent sur le trou du cobra. Personne ne cherche querelle à personne. Ici, il ne pleut que rarement, mais, si par malheur ou par bonheur quelques gouttes viennent à tomber, une petite maison de bois pourra servir d'abris. Il sera alors tout à fait possible de contempler les cordes liquides tombant du ciel, depuis une petite terrasse couverte tout en buvant une tasse de thé local à base de différentes herbes et baies.

C'est dans ce magnifique lieu que le Lord se décida à passer sa journée. La taverne ne l'intéressait pas en ce jour. Pourquoi aller dans un lieu de beuverie clos, alors que là, il lui était également tout à fait possible de déguster le contenu de sa fiole tout en étant allonger dans l'herbe, devant un petit étang d'eau fraiche de couleur céruléenne ? De plus, Anachnu avait besoin de se ressourcer quelque peu. Il voulait s'éloigner un petit peu de la vie tumultueuse en ses terres. Il lui fallait retrouver une petite parcelle de terre calme, sans troubles aucuns. Trouver cette terre était comme se rapprocher d'un nouvel espace vital.
Il déambula sur l'herbe fraichement coupée du lieu. Il ne voulait pas suivre les sentiers balisés ou les petites allées dallés. Il s'éloigna donc, s'enfonçant dans la petite forêt du lieu. Il écartait les branches se dressant devant lui, sans pour autant les casser. Il ne voulait blesser ce lieu encore protéger. Il lui arrivait de croiser une petite fée. Il prenait alors le temps de la suivre, pour voir si celle-ci le mènerait vers un lieu encore plus somptueux et grandiose que celui-ci. Mais bien vite il abandonnait la filature, continuant à marcher sans savoir véritablement où il se rendait. Il se retrouva, après quelques minutes de marche, devant un arbre somptueux. Celui-ci n'était pas véritablement haut. Cependant, ses branches étaient myriades et ses feuilles innombrables. A sa base, deux branches plus grandes et plus grosses que les autres, prenaient des directions opposées. L'une vers l'Est, l'autre vers l'Ouest, donnant ainsi à l'arbre, une dimension toute particulière plus horizontale que verticale. L'écorce de ce majestueux spécimen de la flore du lieu, était d'un brun profond, rappelant vaguement les ponts qu'il fallait traverser pour entrer dans la capitale des royaumes oubliés, Alérandir Daâh. Le Lord se dit alors que si les ouvriers du Mou avaient coupé certains de ces arbres pour en faire des ponts, la gouvernance des royaumes oubliés était tombée bien bas. Certes l'apparat était très important, mais la conservation de la faune et de la flore l'était bien plus. En outre, il était tout à fait envisageable de faire des ouvrages d'art très luxueux, dans bien d'autres bois, moins nobles que ceux de ces arbres. Anachnu fit le tour du feuillue. Il était énorme, gargantuesque ! Quatre ou cinq personnes, bras tendues, auraient peut-être réussies à en faire le tour. En levant les yeux vers la nuée vertes et rouge des feuilles de l'arbre, le Lord se rendit compte que quelques dizaines d'oiseaux avaient élu domicile dans celui-ci. L'empereur de cette petite forêt comportait tout un écosystème, une biodiversité exceptionnel. Anachnu tira alors de sa poche un petit couteau qu'il déplia. Il pratique alors sur l'arbre, une petite entaille. Il ne voulait pas blesser l'arbre. Pour cela il fit son oeuvre d'une manière la plus délicate que possible. Il l'enfonça tout d'abord d'une façon bien douce. Il déplaça la lame vers la droite, puis, lentement, l'enfonça vers l'intérieur. Il ressortit le couteau, l'essuya, et le replaça dans sa poche. Il attendit alors quelques secondes. Soudain, un maigre filet d'un liquide ambré commença à s'écouler le long de l'écorce brune. Avec son doigt, Anachnu gouta le liquide. Celui-ci était particulièrement épais. Mais il était d'un goût... d'un goût... d'un goût étonnement bon. Un goût de sucre se faisait tout d'abord ressentir en note de tête, puis, ce goût laissé place à un mélange d'épices et de lait. Enfin, en note de fond, il était aisé de distingué le goût de la vanille. De la besace qu'il avait avec lui, le Lord tira un pot qu'il plaça sous le trou qu'il venait de faire, afin que celui-ci se remplisse du liquide. L'affaire étant longue, le Lord quitta les lieux, se disant qu'il y reviendrait plus tard pour récupérer la sève.
En retournant sur ses pas, Anachnu croisa quelques animaux fantastiques. Une licorne tout d'abord. Cet animal si semblable au cheval, mais d'une pureté inégalable... et cette corne au milieu du front... La bête était reconnaissable très aisément. Peu après elle, le Lord distingua deux centaures en train de se disputer à tout rompre à propos d'une femme. D'après ce qu'il comprit, l'un des deux centaure était le mari de la « Dame ». L'autre était son amant... Les querelles de couple n'intéressant pas le Lord, celui-ci passa son chemin.

Au bout de quelques instants, le ciel se couvrit, chose plutôt rare dans ce jardin. Malgré l'orage s'annonçant, il ne hâta pas sa marche. Il prit la direction de la maison pouvant l'abriter, mais de manière tout à fait calme et sereine. Avait-il eu tord, avait-il eu raison ? Nul ne pouvait le dire, mais force était de constater qu'à son arrivée, Anachnu était tristement trempé. Sa cape pourpre avait viré au fushia, son chapeau était imbibé d'eau tel une éponge... Mais l'homme aimait la pluie et cela ne le dérangeait pas. Il se déchaussa devant l'entrée puis pénétra dans le lieu. Beaucoup de personnes qu'il avait aperçut plutôt, en arrivant, étaient à présent réunies ici. Certain prenaient le temps de jouer aux cartes et aux dés, d'autres contemplaient la pluie... et d'autres ne faisaient tout simplement rien. Anachnu passa alors commande pour un thé. Sa boisson ne mit pas longtemps avant de se faire servir. Pour corser cette dernière et lui donner un peu plus de goût, il décapuchonna sa fiole et déversa le contenu dans sa tasse, tel un nuage de lait... en beaucoup plus fort.

Alors qu'il commençait à désespérer de ne plus pouvoir récupérer son nectar, et alors que l'ennuie l'envahissait peu à peu, Anachnu s'aperçut que quelques seigneurs et dames de la Noble Union, le regroupement seigneurial qu'il avait intégré quelques jours plus tôt, étaient présents dans le cabanon où il se trouvait. Il salua alors ceux qu'il connaissait.

- Bien le bonjour à vous. Triste temps n'est-il pas ?

[Bourinno]

Un inconnu, durant cette belle journée, voyageait sur les Terres d'Aguératon.
Un voyage de reconnaissance, ou plutôt, de re-reconnaissance. Tant de choses avaient changées depuis son départ au royaume des Morts qu'il ne se pensait plus au même endroit...
Et pourtant...

La prison avait bougé d'endroit, isolée dans le Grand Nord hantée par les sxers, même les reliefs semblaient s'être montrés capricieux pendant son abscence...
Et s'il n'y avait que ça, mais non... Des nouveaux Royaumes et tant de nouveaux visages...
D'ailleurs, le sien aussi avait changé...
Yandros, car tel était son nom, avait repris un corps étranger... Une réincarnation... Dans quel but, par qui ? Il ne le savais pas. Il avait un doute sur le fait que ce soit le Chaos, la seule entité a laquelle il croyait et adorait, mais il ne savais, et ne saurait probablement jamais.
Seul le destin, si tenté qu'il y en ai un, lui dévoilerai son nouveau but.

Le jeune homme, âgé de la vingtaine bien avancée (il n'était pas sûr de l'âge exact du corps), faisait son mètre quatre-vingt environ, et était musclé, mais assez mince... Ce qui frappait le plus chez lui étaient ses cheveux gris argentés, sans oublier sa précieuse faux à trois lames, qui l'accompagnait partout... Et quand elle frappait, il parait que ce n'est pas pour le plus grand plaisir de la victime... Mais il n'y a jamais eu personne pour parler de cela.

La journée s'avançait tandis que Yandros parcourait les terres Agueratoniennes, et arriva finalement près d'une citadelle... Encore quelque chose de nouveau, pensa-t-il.
Il n'aimait guère la cohue qui régnait d'habitude, les bousculades, les misérables gens, affalés a l'entrée des Tavernes, mais celle-ci semblait bien calme...
Soudain, un frisson... Puis du froid... Du froid qui se répandait le long de son visage. Il leva la tête, et reçu une nouvelle goute... La pluie.
Des sensations qu'il croyaient perdues au confins de son Âme ressurgirent, et un nouveau frisson le fit trembler...
En un instant de lucidité, il comprit qu'il était trempé.
Alors, il se mît a courir, et, exceptionnellement, il entra dans la citadelle.

Il ne pretta pas une grande attention a la cité elle-même, et préféra trouver un abris le plus vite possible.
Il débarqua dans un Jardin... Un jardin, plongé sous les trombes d'eau que le ciel déversait... Et quel spectacle fascinant !
Le jeune homme resta là à contempler la végétation fantastique se courber sous l'eau cristaline...
Puis, quand il jugea ses habits assez lourds a cause de cette pluie, il cherche un abri, et vit une bâtisse retirée, surplombant un peu le paradis floral.

Il se dirigea d'un pas hâtif vers celle-ci, et, arrivé a sa hauteur, il vit la porte ouverte, avec bon nombre de personnes à l'intérieur, en train de discutter entre eux...
Il entra donc, tout en se présentant a voix normale, pas trop bas pour ne pas être apperçu, mais ni trop fort pour que les nobles ici-présents ne le prennent pas pour un fou débarqué de nul-part.

"Salutations à vous tous, je me nomme Yandros, du Royaume revenant, des grandes plaines de Sîir Dâa, je viens ici pour trouver refuge le temps que cette pluie torrentielle se calme...

Puis, il pris place dans cette maison chaleureuse, attendant la fin de l'averse.

[Lord Anachnu]

Anachnu buvait tranquillement son thé alcoolisé. Personne n'avait daigné répondre lors de son arrivée, ce qui motiva le Lord à s'asseoir à part, seul. Par chance, le lieu disposait d'une petite terrasse, d'un petit balcon couvert. C'est là qu'il décida d'attendre la fin de l'averse. Il était bien triste car il espérait que l'eau n'altérerait pas le nectar qui avait sans doute finit de remplir le récipient et qui devait à présent déborder de toutes parts...
Les gouttes de pluie faisaient un bruit terrible. Elles fendaient l'air, se fracassant sur les feuilles d'arbres, sur le sol, sur le toit de la maison, tel des oiseaux suicidaires. C'est alors qu'Anachnu était plongé dans ses pensées qu'entra un inconnu. Celui-ci était particulier. Mais ce n'est pas l'homme en lui-même qui stupéfia le Lord, mais sa faux, cette extravagante faux à trois lames. En lui-même, Anachnu se dit qu'avec un tel instrument l'on pouvait couper l'herbe trois fois plus vite. Il préféra cependant ne rien dire, sachant très bien que trois lames étaient plus dangereuses qu'une seul, et qu'il préférait ne pas voir son corps éparpillé en plusieurs morceaux. Pour préserver la paix de l'endroit, le Lord ne dit rien à ce sujet. Anachnu ayant du essuyer l'ignorance de tous, il ne voulut pas que l'homme subisse le même sort. C'est donc lui qui lui répondit.

-Bonjour à vous. Je suis le Lord Anachnu d'Enigma, mais Anachnu c'est bien plus court. Venir ici pour se protéger de la pluie est une excellente idée, il n'y a pas meilleur endroit. Une vue imprenable sur la nature, quelques boissons en tout genres, la paix, la tranquillité... Bref, vous ne pouvez pas être déçu... Le seul reproche est peut-être le silence des autres usagés...

Un énorme coup de tonnerre, suivit d'un violent éclair vînt ponctuer les paroles du Lord et éclaira les alentours d'une lumière jaunâtre, particulièrement électrique. Anachnu se permit alors une petite boutade.

-Je sens que le courant passe déjà bien entre vous et ce lieu.

Il était sans doute le seul à sourire de ses propos. Il avait l'habitude de faire ce genre de farces, mais ne se rendait même pas compte de sa solitude lorsqu'il les prononçait.

-Puis-je vous offrir quelque chose à boire ? Un bon thé chaud pour vous réchauffer peut-être ?

Anachnu n'était pas certain qu'autre chose que du thé soit servit ici. C'était également une des premières fois qu'il se rendait dans ce lieu de quiétude, et n'avait pas encore apprit tout ce qui était à savoir sur ce jardin et cette cabane. D'ailleurs puisque personne n'y conversait, peut-être fallait-il se taire. Mais si cela était le cas, il s'agissait d'une règle à enfreindre, sans le moindre doute.

-Le temps est particulièrement maussade aujourd'hui. C'est bien dommage, quoi que la pluie ne me dérange pas en temps normal... J'étais en affaire il y a quelques minutes, et cette pluie va tout gâcher... Mais dites-moi Yandros du royaume des revenants, que faisiez-vous aux abords de la citadelle de la Noble Union ? Nous sommes un peu éloigné de tout ici, il est plutôt rare de voir quelques inconnus dans les parages qui viennent sans un but précis.

Il était vrai que personne ne venait depuis bien longtemps. Le temps de trajet par rapport à la capitale du Mou était plutôt long, ce qui limitait fortement les déplacements des seigneurs. Pourtant, bien souvent ceux-ci se rendaient sur l'île et faisaient des allers-retours qui prenaient un temps considérable... Le Lord ne voulut se turlupiner plus longtemps. Il avala une nouvelle gorgé de sa boisson, sera les dents à cause du fort degré d'alcool dû à la boisson qu'il y avait rajouté.

-Haha, voilà qui fait du bien par là où sa passe.

C'est sur ces quelques paroles que le Lord arrêta de prononcer mot. Il en avait dit beaucoup, et se devait, par politesse, de laisser répondre son interlocuteur.

[Bourinno]

Yandros remarqua la tentative d'humour du Seigneur, mais n'eut aucune réaction, ne sachant pas comment réagir... Tandis qu'il dévisageait le prénommé Anachnu, il remarqua sa grimace lorsqu'il bu une gorgée de sa boisson...
L'orage continuait, mais semblait s'éloigner quand le Seigneur répondit :

"Merci de votre accueil, j'apprécie... Quant à votre offre, je ne suis pas assoiffé, ça ira, merci bien, répondit-il par prudence...

Il n'avait pas réellement confiance aux goûts de l'homme... Et il était assez trempé comme çà pour supporter tout autre boisson...

"Pour répondre a votre question, je ne faisait que passer, je n'avais pas prévu de m'arrêter, mais compte tenu des circonstances... Il laissa un temps.
Je ne fais que revisiter des terres que je foulais jadis, avant un certain voyage...
Si mon Royaume veut prospérer, et que je sois digne de figurer dans les hauts stratèges, une connaissance du terrain est obligatoire...
J'ai donc laissé mon Royaume aux mains d'un bras droit fidèle et dévoué, le temps pour moi de recolter les informations dont j'ai besoin.
Ayant soupçonné un doute dans le regard de l'homme, il ajouta :
"Ne vous inquiétez pas, le Royaume connait une paix proche de celle d'un cimetière en heure creuse, et il a été formé plus ou moins pour ça, c'est toujours bon de se sentir soutenu, il n'y a aucun danger...
Mais vous dites que ceci, en montrant autour de lui avec un geste brusque, est l'appartenance a la Noble Union ? Je n'avais pas encore entendu ce nom, c'est plutôt récent comme endroit, non ?

Le grondement et les stries lumineuses de l'orage étaient plutôt loin dorénavant, promettant une éclaircie, malgré que la pluie subsistait encore, martelant le toit d'un son répétitif et... ennuyeux, il faut le dire.
Soudain, Yandros se souvint que le Lord avait une affaire a régler, comme il le disait, et la curiosité le pris a défaut :

"Oh, sans vouloir paraître trop direct et trop franc avec vous, cela serait-il impoli de vous demander quel genre d'affaire deviez-vous régler ???

Il laissa derrière ses paroles un silence absolu, un silence de mort, et laissa comprendre au Lord qu'il attendait une réponse...

[Lord Anachnu]

Alors soit, Anachnu serait donc seul à boire. Y a t-il chose plus agréable qu'une "douce" boisson dans un lieu magnifique un jour de pluie ? Le Lord n'en était pas certain. Son thé était vide. Il se leva donc et alla prendre connaissance des autres boissons disponibles. Il se leva donc, mais prit soin de demander quelques minutes à Yandros.

-Veuillez m'excuser quelques instants, je vais quérir de quoi me... désaltérer...

Il alla voir la personne qui lui avait servit son thé auparavant. Il lui demanda avec toute la politesse dont il était capable ce qu'elle pouvait lui proposer. Le choix n'était pas bien large. Du thé, du café, de la Bière Noire aux Champignons... De la Bière Noire ? Anachnu ne demanda pas de plus ample information. Cette seule donné lui suffisait. Il passa donc commande d'une chopine de Bière Noire aux Champignons. Une chopine pas plus. Il ne voulait pas boire à outrance en pleine journée. La serveuse le pria de retourner à sa place, précisant qu'elle apporterait elle-même la boisson. Anachnu s'exécuta et retourna converser avec le Seigneur.

-Me voila à nouveau. Donc que disiez- vous ? Ah oui, l'ancienneté des lieux...

Le Lord ne se trouvait pas dans la citadelle depuis de nombreuses lunes et n'avait pas particulièrement apprit l'histoire de celle-ci. Cependant, il avait quelques connaissances de bases pouvant être utile à une réponse de départ.

-D'après mes maigres connaissances, la cité en elle-même est relativement ancienne. Par contre, l'union en son sein est récente. Nous utilisons des murs déjà présents. Ce jardin lui-même est ancien. La taille des arbres en témoigne. L'âge précis... je ne saurais le dire. Mais je trouve que le plus important est de bien s'y sentir.

La serveuse arriva avec la commande du Lord. Celui-ci la remercia vivement et lui glissa quelques piécettes d'or pour la présence de son charmant visage en ces lieux. Il détourna son regard un moment pour le plonger vers l'extérieur. La pluie commençait à s'estomper. Des fines gouttes étaient toujours en train de tomber, mais l'atmosphère était bien moins pesante. Le vent faisait fuir les nuages gris et contribuait au rafraichissement de l'air. Après ces rapides constatations il revint à sa discussion.

-Bref, la cité est ancienne, le groupement seigneurial qu'elle abrite est récent. En ce qui concernes mes affaires... j'étais simplement en train de récupérer le nectar succulent d'un des arbres de ce jardin. Il a un gout tout à fait remarquable, un mélange de lait, de vanille, de sucre... Un délice pour les sens. Malheureusement je pense que la pluie a gâché ma récolte, il va falloir que je retrouve un tel arbre et que je recommence... Il est impossible de recueillir ce précieux nectar plusieurs fois par jour au même arbre pour le préserver...

Le regard du Lord se posa une fois de plus sur l'impressionnante faux du Seigneur. Elle était à la fois terrifiante et magnifique. Les lames étaient parfaitement aiguisées. Une véritable arme de destruction...

-Excusez-moi Sire, mais pourquoi déambuler avec une telle arme ?

[Bourinno]

La mémoire de Yandros devait lui jouer des tours, car il ne se rappelait pas de cette cité...
Mais soit, il passa outre cette remarque, et remarqua que le regard d'Anachnu s'était posé sur sa faux...
Il fît un demi-cercle devant lui, et dit :

" Ce que vous voyez là, c'est un chef d'œuvre que l'on m'a offert... Ce fer m'a sauvé la vie bien des fois, et cette arme a quelque chose de spécial... Pas une âme, mais une sorte d'énergie propre, tirée du Chaos, où le Mal, ces appellations reviennent a nommer la même entité, même si le dernier ne me sied guère, je le trouve bien péjoratif... lança-t-il, malgré le regard inquisiteur de l'homme...
Enfin, c'est une arme meurtrière, et je peux vous assurer que je ne m'en sers que le plus rarement possible, mais je vous assure aussi que bien moins de brigands des bas-mondes n'essaient de m'arrêter, et si je ne l'avais pas constamment sur moi, j'aurai rejoins le Royaume des morts bien avant l'heure...
Elle possède aussi bien des valeurs symboliques et me rappelle tant de souvenirs... dit-il d'un air nostalgique.

Il examina l'accoutrement du Lord, et ne remarqua aucune arme sur lui... Cela l'intercepta :

"D'ailleurs, je vous trouve un peu confiant... Je ne vois pas d'arme sur vous... N'en avez vous point, ou bien ma vue me joue un tour ? Je vous sais pacifique, mais tout de même...

Soudain, un rayon de soleil l'aveugla, et un instant, il ne vît plus le Lord, confondu dans la lumière du jour...
L'astre solaire faisait sa percée sur les derniers nuages grisâtres subsistants...

"Oh, et vous m'avez dit appartenir a cette cité... Dîtes moi, combien de nobles gens ont prêté allégeance ici-bas ?
Quant à vos supérieurs... Êtes-vous à la tête de cette bourgade ???

Yandros, jugeant l'air trop lourd a l'intérieur, se dirigea vers la sortie de l'enceinte en continuant de parler, pour redécouvrir l'air libre, sous un rayonnement lumineux, et attendit le Lord...

[Lord Anachnu]

Le soleil refaisait poindre son charmant visage et ses rayons léchaient à nouveau ce magnifique jardin. Yandros s'était levé et se dirigeait vers la sortie. Pour pouvoir converser avec lui encore quelques instants, le Lord se leva et alla à sa suite. La faux l'impressionnait toujours autant, surtout après les explications du Seigneur sur l'énergie qu'elle contenait.
Yandros remarqua également qu'Anachnu ne portait pas d'arme. Cela était bien vrai. Pas par pacifisme, non, mais tout simplement car cela l'incommodait.

-Je ne suis pas particulièrement pacifiste savez-vous. Si je ne porte pas d'arme, et je vous rassure, votre vue ne vous joue pas des tours, c'est simplement que cela me gêne ou me dérange... Je ne la prend avec moi uniquement quand je pars au combat.

Il réfléchit quelques instants tout en continuant de s'avancer vers la sortie.

-D'ailleurs, qu'est-ce que je peux bien risquer ? Un brigand ? Deux brigands ? Ces voyous de bas-étage qui cours les rues ? Non, j'ai confiance en notre citadelle. Les rues sont sûres. Cependant, lorsque je me rend à la fameuse Taverne des terres oubliées... j'avoue qu'il y a quelques risques. Mon prédécesseur, Eolf, est mort de cette manière. Il revenait de la Taverne et faisait un somme sous un arbre, quand deux malfrats lui sont tombés dessus comme par magie. Ils ne se sont pas contentés de le dépouiller de sa fortune, mais lui ont également prit son âme... Enfin bref... Je ne porte pas d'arme, sauf quand le besoin est vraiment grand.


Anachnu était maintenant au même niveau que Yandros. Le soleil était présent, tout comme une petite brise donnant un petit relief argenté aux brins d'herbe en contre-bas. Tout cela annonçait une magnifique suite de journée. Les nuages avaient fait place à un somptueux ciel d'azur comme il était rare d'avoir la chance d'en apercevoir. Le Lord continua donc de converser avec Yandros tout en avançant à l'extérieur, en prenant la direction de ce fameux arbre auprès duquel Anachnu espérait collecter un précieux nectar...

-Vous me demandiez à l'instant combien de personne avaient prêter allégeance à cette citadelle ? Pour tout vous dire, je n'en ai pas une idée précise. Nous hébergeons bon nombre de plouks qui grossissent les rangs de celle-ci. Les soldats aussi comptent. Lorsqu'un Seigneur ou une Dame fait le serment de servir la citadelle et ses objectifs, il ou elle ne s'engage pas uniquement en son nom. Toute son armée, tout ses paysans intègrent au même moment la citadelle. Cependant, à la tête de celle-ci se trouvent pour le moment quatre personnes. C'est bien peu, je le reconnais, mais je ne désespère pas de voir arriver de nouvelles personnes, donnant un peu de dynamique à la Noble Union.

Tandis que le Lord contemplait la beauté des lieux, une petite balle vînt heurter sa cheville. Il regarda alors de quoi il s'agissait, et remarqua deux jeunes enfants s'amusant avec ce jouet. Il souleva donc la balle, l'examina rapidement puis la renvoya à l'un des deux garçons.

-Tiens mon bonhomme, qui gagne la partie ?
-Merci monsieur. C'est moi qui gagne pour le moment, et en plus c'est bientôt finit.
-Alors bonne chance. Au revoir.

Anachnu détourna alors son regard et revint à sa petite discussion avec Yandros.

-Pardonnez-moi, un léger instant de distraction. Ne sont-ils pas gentils ces deux petits ? J'aime beaucoup voir que la vie est présente, surtout en un pareil lieu... Humm, je m'égare... Où en étais-je... Ah oui... Je me souviens. A la tête de cette citadelle ne se trouve pas ma personne. La régente est la Dame Hanna. Une personne magnifique et très gracieuse, quoi qu'elle en dise. Cependant, comme moult affaires accaparent son temps, je m'occupe souvent de ces lieux. Le dernier mot lui revient toujours, je m'efforce donc de prendre des décisions ne la décevant pas trop... Ce n'est pas toujours le cas, mais j'essaie...
Dites-moi, cela vous dérangerait de m'accompagner jusqu'à l'arbre où je récupère la sève ? Ce n'est pas loin rassurez-vous.

Avant la réponse de Yandros, Anachnu commença à prendre la direction de ce lieu légèrement à l'abri des regards.

[Bourinno]

Suite à un petit instant de fatigue, le Seigneur reprit ses esprits et emboita le pas au Lord qui s'en allait déjà vers son mystérieux arbre...

Volontiers ! Je vous accompagne, de toute façon, je n'ai pas de but précis par ici, je ne suis que de passage, et, étant plutôt solitaire, un peu de compagnie ne me fera pas le moindre mal...

Vous parliez de la vie, tout à l'heure... Certes, elle est belle par ici, dans un jardin paradisiaque de fleurs plus belles les unes que les autres, de fontaines ruisselantes d'eau cristalline, mais si seulement la vie ne se limitait qu'à ça...
Il faut prendre plaisir en effet à ces anecdotes, car dehors, tout est si froid, rude... Travail forcé, acharnements, tromperies, guerres, déloyauté, et j'en passe... Ce monde est un monde de sang...
Voir un paysage aussi sublime par ici, c'est exactement le reflet inverse du vrai visage de nos terres...
Nous nous contentons de joies futiles et de plaisirs malsains...
Dès que nous avons un ennemi commun, nous guerroyons côte a côte, et dès qu'il n'est plus, nous nous entre-tuons...
Quelle dure réalité que la vie elle même...
Même la mort est plus facile a vivre... Et je peux vous l'affirmer, je me demande encore quel mal ai-je fait pour avoir été rappelé a la vie...

Tout en parlant, Yandros regardait de par ses yeux dans le vague, les couleurs du paysage gai s'assombrissant tout a coup dans son esprit, ne voyant que désastres, douleurs et calomnies...
Puis, il se tu, accompagnant le Lord dans sa quête, silencieusement, ses pensées funestes se confrontant...

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